Réflexion spirituelle – Noël 2020

EXPLORER LE NOËL VINCENTIEN

Heureusement, depuis quelques années maintenant, les « missions de l’avent » que j’ai l’habitude de mener sont devenues davantage des missions de la « période de Noël », car nous explorons la signification profonde non seulement de l’avent, mais aussi de Noël et de l’Épiphanie. Officiellement, le temps ordinaire commence après le baptême de Jésus, mais traditionnellement, la période de Noël se termine avec la présentation de Jésus au temple et donc, les décorations pourraient (et peut-être devraient) être conservées jusque-là, pour nous aider à vraiment absorber toute la richesse de la saison.

Cette richesse a été en grande partie perdue, car l’avent est rempli de célébrations de Noël et commercialement, Noël se termine dès le lendemain du 25 décembre ! Malheureusement, déjà rassasiés d’un mois d’activité, beaucoup trop de fidèles rangent aussi leurs décorations et leur esprit de Noël, alors que ce dernier ne fait que commencer. Les missions sont une tentative de ramener la pleine durée de la période de Noël.

L’avent est censé être une saison de joyeuse préparation à l’Incarnation. Ce n’est pas vraiment une saison pénitentielle comme le carême, la couleur est cramoisie, une couleur de désir et d’envie. Elle partage le jeûne avec le carême, mais dans l’esprit de préparation à la fête. C’est un moment qui nous permet d’entrer en contact avec notre agitation humaine et notre désir d’accomplissement auquel seul Jésus peut répondre.

Noël célèbre ensuite le moment où Jésus a assumé notre humanité par l’humble foi de Marie et la puissance du Saint-Esprit. L’Incarnation nous lance sur une trajectoire vers le Vendredi saint et Pâques, car la crèche est inextricablement liée à la croix sur laquelle Jésus a révélé la profondeur de l’amour de Dieu pour notre humanité blessée.

L’Épiphanie vient confirmer la signification, les thèmes et le but de l’avent, révélant le Messie infantile comme la lumière de toutes les nations et affirmant le salut universel. Lors de son baptême dans le Jourdain, Jésus a pris en charge notre humanité pécheresse et s’est engagé à donner librement sa vie sur la croix pour racheter le monde entier. Sa présentation au temple, qui vient clore la saison de Noël, fait allusion à la purification du temple qui précipiterait la crucifixion, conduisant à la résurrection et à l’envoi de l’Esprit à la pentecôte, achevant sa passion et faisant de nous des temples de l’Esprit.

Dans tout cela, une déclaration du dimanche de Gaudate, le troisième dimanche de l’Avent, ressort : « Il y en a un parmi vous que vous ne connaissez pas ». Les orgueilleux et les hautains n’ont pas pu reconnaître Jésus comme le Messie, en raison de son humble naissance et du caractère caché de la divinité dans son humanité. Nous qui croyons et sommes baptisés en lui, nous sommes mis au défi de le reconnaître parmi les pauvres et les nécessiteux et de le servir en répondant à leurs besoins. De cette façon, nous devenons aussi des lumières pour le monde et des signes d’espoir pour ceux qui nous entourent.

Le père Ken Forster, OMI, qui a exercé son ministère au Kenya pendant quelques années, raconte cette histoire : Face à l’injustice raciale, les croyants d’Afrique du Sud ont commencé à prier ensemble et, en signe d’espoir qu’un jour le mal de l’apartheid serait vaincu, ils ont allumé des bougies et les ont placées dans leurs fenêtres afin que leurs voisins, le gouvernement et le monde entier puissent voir leur foi. Et leur gouvernement a vu – ils ont adopté une loi, qui rendait le fait d’allumer une bougie et de la placer dans sa fenêtre un acte illégal, politiquement subversif. Cela était soudainement considéré comme un crime, aussi grave que de posséder et brandir une arme à feu. Même les enfants ont compris la puissance de cet espoir exprimé dans la prière et l’action.

Au plus fort de la lutte contre l’apartheid, les enfants de Soweto avaient une blague : « Notre gouvernement, » disaient-ils, « a peur des bougies allumées ! » Il avait raison de l’être. Finalement, ces bougies allumées, ainsi que la prière et l’espoir qu’elles suscitaient, ont adouci les cœurs endurcis. Honteux moralement pour son propre peuple, le gouvernement a reconnu que l’apartheid était une erreur et l’a démantelé sans guerre, vaincu par l’espoir, battu par des bougies allumées et soutenu par la prière. La plus petite lumière conquiert l’obscurité et ne peut être éteinte. Être cette lumière pour les nécessiteux, de façon petite ou grande, est réellement la tâche qui nous a été confiée, nous vincentiens, par la saison de Noël.

Archevêque Sylvain Lavoie, OMI, conseiller spirituel
Conseil national

 
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