Réflexion spirituelle – Avent 2020

VIVRE L’INCARNATION

Le révérend Hyland Fraser est un diacre qui a participé à un pèlerinage au sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe à Mexico. Lors d’une excursion dans un marché populaire, le groupe a remarqué un couple assis sur le trottoir, en train de mendier. Il passa à nouveau à côté d’eux par hasard, seul, alors que le groupe faisait ses courses. Cette fois, motivé par l’appel du pape François à montrer aux autres la miséricorde de Jésus en tendant la main aux pauvres et en les touchant, il s’est agenouillé dans la rue, les a regardés dans les yeux, leur a donné de l’argent et, plaçant sa main sur leur tête tout en tenant une de leurs mains, leur a donné une bénédiction. Il leur a ensuite demandé de lui donner leur bénédiction. Ils ont fait un signe de tête, ont posé leurs mains sur sa tête et l’ont béni en silence. Il a été profondément ému par cette rencontre, partageant humblement avec le groupe, plus tard, qu’après avoir vu tant d’églises ornées de dorures, il avait trouvé le Christ non pas tant là, mais bien plutôt dans cette rencontre avec le pauvre couple.

Non seulement le révérend Hyland a mis en pratique le grand commandement de Jésus, qui consiste à aimer les autres comme nous nous aimons nous-mêmes, mais il a également vécu la signification la plus profonde du temps de l’Avent – nous préparer à célébrer la venue de notre grand Dieu créateur dans sa propre création, en devenant humblement l’un de nous, sous la forme d’un petit bébé vulnérable et impuissant.

L’Avent nous invite à imiter Jésus, en entrant humblement dans la vie des autres et surtout des pauvres, respectueusement, tendrement, avec l’attitude d’un apprenant, par compassion et avec un amour désintéressé qui se concentre sur les besoins de l’autre.

Les pauvres reçoivent toujours des dons. La manière dont nous leur donnons est délicatement cruciale, afin qu’il ne s’agisse pas toujours d’une charité unilatérale. Pouvons-nous aussi être ouverts à voir la richesse, la résilience, l’ingéniosité, la bienveillance et la compassion qui les habitent, et être prêts à leur permettre de nous donner quelque chose, quoi que ce soit – même une chose aussi petite qu’une cigarette ? De cette façon, nous pouvons leur offrir le cadeau dont ils ont le plus besoin : la dignité humaine.

Dans l’article n° 121 de sa récente encyclique, Fratelli Tutti, le pape François écrit : « Personne ne peut donc être exclu, peu importe où il est né, et encore moins en raison des privilèges dont jouissent les autres parce qu’ils sont nés quelque part où existent plus de possibilités. Les limites et les frontières des États ne peuvent pas s’opposer à ce que cela s’accomplisse. Tout comme il est inacceptable qu’une personne ait moins de droits parce qu’elle est une femme, il est de même inacceptable que le lieu de naissance ou de résidence implique à lui seul qu’on ait moins de possibilités d’une vie digne et de développement. »

Ces paroles sont une invitation à aimer les autres comme Jésus nous a aimés, le cœur de notre spiritualité vincentienne et la signification centrale de l’Incarnation. Comme le disent les peuples autochtones : « Il a planté sa tente parmi nous ». Pouvons-nous aussi planter notre tente dans les camps des pauvres, en donnant corps à l’amour inconditionnel du Christ pour eux ?

Questions à réflexion :

1.     Comment ai-je été béni par les pauvres ?

2.     Comment ai-je été capable de faire cadeau de la dignité aux autres ?

3.     Quelle action particulière puis-je entreprendre afin de m’imprégner plus profondément de l’esprit de l’Avent ?

Archevêque Sylvain Lavoie, OMI, conseiller spirituel
Conseil national

 
Réflexion-Spirituelle-Avent-2020