FNA 2025 – Témoignage d’un participant Attiser le vent du changement

Toute entité cherchant à pérenniser ses activités doit faire face au vent du changement. Les choix intelligents qu’elle fait pour tirer parti des opportunités déterminent la façon dont elle prospère ou survit dans un paysage en constante évolution.


Dans le monde des affaires, les changements donnent lieu à toute une série de remises en question : restructuration d’organisation, recherche d’une plus grande part de marché, abandon de ligne de produit, réinvention de modèle d’entreprise ou modification de la mission. Les changements auxquels toutes les entités sont confrontées peuvent être d’origine externe et/ou interne. Ces entités peuvent soit réagir à ces changements et les maîtriser, soit jouer le rôle d’agents du changement.


« Évoluer dans le monde d’aujourd’hui » était le thème de la formation nationale annuelle (FNA) de cette année. Tenu du 19 au 21 juin à l’Université McMaster à Hamilton, le rassemblement national a attiré 156 membres provenant de tout le Canada.


Voici quelques points à retenir, tirés des séances plénières et des ateliers auxquels les participants ont assisté. Les sessions décrites ici ne suivent pas l’ordre dans lequel elles ont été présentées, mais respectent la structure suivante : Contexte historique et poursuite du renouvellement, Valeurs fondamentales et obstacles à la pauvreté, Être un catalyseur grâce à la défense des intérêts, et Une vision tournée vers l’avenir.


Session plénière : « S’adapter à un monde en mutation à travers le regard de Frédéric Ozanam »


Ray Sickinger et Tim Williams (formation nationale de la SVdP USA) ont proposé une réflexion convaincante : « Comment Frédéric Ozanam et ses cofondateurs, tous militants, se sont-ils adaptés à un monde aussi changeant? » Ils ont retracé la fondation de la Société à une époque d’immenses bouleversements – marquée par la Révolution française, les épidémies et la pauvreté généralisée – et la manière dont elle a conduit à une action transformatrice. La session a mis en évidence le fait que nos fondateurs sont parvenus à une mission qui se perpétue maintenant de génération en génération et qui transcende les frontières. Onze adaptations pratiques réalisées par la première Société ont été présentées – de la priorité donnée à la qualité du service, à l’organisation d’examens réguliers pour améliorer les travaux, à la collaboration avec les gouvernements et à la mise en avant des besoins spirituels aussi bien que physiques. Les orateurs ont souligné que « notre plus grand don est nous-mêmes, notre présence ».


Sessions plénières : « Communiquer et vivre avec compassion au-delà des barrières de la pauvreté »


Donna Beegle et Elia Hernandez-Moreno, spécialistes de la pauvreté et soutiens de la communauté, ont rappelé aux membres que « le contexte peut être différent, mais la pauvreté est la même ». Donna Beegle a évoqué son expérience de la pauvreté générationnelle, ponctuée par le sans-abrisme et l’incarcération de membres de sa famille, et nous a mis au défi de considérer la pauvreté comme un manque de ressources et non comme une déficience de la personne : « Toutes les actions que nous entreprenons vont à l’encontre de la pauvreté puisqu’elle est déficiente, et non pas à l’encontre de la personne qui la subit. » Elia Hernandez-Moreno, s’appuyant sur son expérience de simulation de la pauvreté et du sans-abrisme, a insisté sur la nécessité de servir à partir d’un lieu d’authenticité et de repos : « L’autorisation de se reposer nous permet de nous vider de nos occupations et de notre lassitude, puis de récupérer. Cela peut s’avérer nécessaire car nous ressentons parfois une ‘fatigue de la compassion’, un sentiment de lassitude lorsque les résultats ne sont pas rapides; cela nous permet de continuer à assimiler pour en savoir plus sur la pauvreté, d’être plus en contact et de mieux les servir. » Les deux orateurs ont souligné la valeur de l’empathie, des réseaux et de la définition des attentes, exhortant les membres à être « une bénédiction et une valeur pour ceux que nous servons ».


Sessions d’atelier : La prise de position comme réponse à l’injustice systémique


En concordance avec les convictions de Frédéric Ozanam en matière de démocratie libérale chrétienne, les trois sessions en petits groupes (« Qu’est-ce que le concept du revenu de base garanti (RBG)? », « La crise actuelle du logement et ce que nous pouvons y faire » et « Pourquoi le ministère en milieu carcéral joue-t-il un rôle fondamental dans l’évolution de la société? ») ont envisagé la nécessité d’orienter davantage notre attention vers la prise de position afin de relever les défis de notre époque. En représentant la voix des autres, la prise de position prend la forme d’une demande adressée aux différents niveaux de gouvernement pour qu’ils s’engagent sur une action, une question, un changement de politique, une responsabilité, un niveau de financement ou une solution spécifique, en écrivant des lettres (au minimum), en plaidant la cause de l’équité et en expliquant sans équivoque ses positions, en organisant des discussions franches ou en cherchant à avoir un impact significatif sur les communautés et la société dans son ensemble. Elle fait avancer des causes spécifiques et contribue à informer et à responsabiliser le public.


Les intervenants ont donc abordé des questions clés – la garantie de revenu de base (RBG) pour résoudre l’insécurité des revenus, la crise du logement et l’aggravation du sans-abrisme, et la réforme des prisons – en fournissant des données, un contexte et des appels à l’action. Le projet RBG de l’Île-du-Prince-Édouard a été qualifié de « révolutionnaire », car il s’agit de la première proposition chiffrée au Canada. En ce qui concerne le logement, Syl Roach a mis les membres au défi de « s’éduquer et d’éduquer nos associations » après avoir présenté aux participants les tactiques d’expulsion des propriétaires et des entités, ainsi que les droits des locataires. Le diacre Dunn a rappelé que « notre système correctionnel est cassé… qu’il stocke les sans-abri, les toxicomanes et les malades mentaux », que les systèmes pénitentiaires, en particulier celui de l’Ontario, fonctionnent à des capacités bien supérieures (113 % en 2023 et en augmentation) au niveau optimal de 90 %, et que le système actuel de détention provisoire – les personnes en attente d’une audience de libération sous caution et d’un procès – accueille 80 % des personnes incarcérées en 2022 (en augmentation également).


Session plénière : « Planification stratégique – L’avenir de la Société »


Cette séance a permis de jeter un regard prospectif sur l’évolution de la Société, en présentant les résultats de l’enquête nationale de cette année et des séances d’écoute visant à façonner le plan stratégique jusqu’en 2026. Denise Ouellette et Lizzie Lappin ont révélé les « trois enjeux cruciaux pour la SSVP du Canada » qui ont émergé : 1. Le recrutement et la rétention des jeunes, 2. Le développement du leadership et 3. Les relations avec l’Église et les paroisses. D’ici mars 2026, l’analyse des données de l’enquête et des séances d’écoute sera terminée… et le plan stratégique national sera présenté à la FNA de juin 2026. La session a appelé les membres à s’engager activement dans ce processus afin de s’assurer que le plan est encadré par les voix réelles de la communauté.


Contrairement aux entités du monde des affaires, notre mission perdure. Comme nous l’ont rappelé les orateurs de la SVdP USA : « La Société s’efforce constamment de se renouveler, en s’adaptant aux conditions changeantes du monde. Elle cherche à être toujours consciente des changements qui se produisent dans la société humaine et des nouveaux types de pauvreté qui peuvent être identifiés ou anticipés ». Pour répondre à cet appel, les membres doivent aller au-delà de l’intuition et prendre des mesures audacieuses. Ces sessions ont peut-être fourni l’optique, les outils et la confiance nécessaires pour faire face aux changements. Cependant, des outils plus spécifiques, des informations, des ressources, des réseaux, des stratégies et des conseils pratiques doivent être largement partagés et promus auprès de tous les membres.


L’ensemble de la Société doit agir avec audace et immédiatement sur les questions définies – l’adaptation doit être active et non passive.


Ce n’est qu’à cette condition, comme l’a dit le Dr Beegle en conclusion de sa présentation, que la SSVP pourra continuer à faire la différence. La voie de la prudence nous mènera à ce que nous entreprenons tous ensemble aujourd’hui.


Jose I. Torres, CPA
Président du Conseil particulier Peel North /Conseil central du Grand Toronto


Pour l’intégralité des présentations de la FNA 2025, rendez-vous à : https://ssvp.ca/fr/members/fna/

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