Réflexion spirituelle – Mars 2020

UN CARÊME À SAVEUR VINCENTIENNE

Réflexion par Mgr l’archevêque émérite Sylvain Lavoie, OMI – Mars 2020

Les textes de la première semaine du carême (Lévitique 19:1-18 et Matthieu 25:31-46) devraient réchauffer le cœur de tous les vincentiens, car ils valident nos efforts, d’abord d’être saints et justes nous-même et ensuite, d’aider les pauvres, de générer davantage de justice et d’équité et de rendre le monde meilleur.

Dans le Lévitique, Dieu parle à Moïse et lui donne un commandement fondamental : lui-même et le peuple doivent être saints. Puis, Dieu lui rappelle les Dix Commandements qui lui ont été donnés dans le livre de l’Exode, exprimés quelque peu différemment dans le Lévitique, qui nous enseignent comment devenir saints.

La première façon d’être saint serait de respecter les Dix Commandements, en se concentrant avant tout sur l’honnêteté et la justice.

La deuxième façon d’être saint est d’aimer notre prochain comme nous-mêmes. Voilà le concept, tiré du Lévitique, que Jésus a sélectionné parmi toute une pléthore de lois de l’Ancien Testament, pour le placer sur le même pied d’égalité que le grand Shema Israël, qui est d’aimer Dieu de tout notre être. Ce qui est nouveau et unique avec Jésus, est qu’il est le seul à placer l’amour du prochain et l’amour de soi sur le même pied d’égalité que l’amour de Dieu. Pour Jésus, la meilleure façon d’aimer Dieu est d’aimer les autres, particulièrement nos ennemis. Ce qui est nouveau également, est que Jésus personnalise les commandements de l’Ancien Testament : les aimer est l’aimer, lui.

Sainte Mère Teresa de Calcutta nous dit ceci : « Ce que nous voulons faire pour Jésus, que nous ne voyons pas, nous pouvons le faire pour la personne se trouvant près de nous, que nous voyons, et nous le ferons alors pour Jésus. » Dans le Nouveau Testament, les pauvres sont les frères et les sœurs de Jésus. La maxime qui dit : « Si tu veux te rapprocher de Dieu, rapproche-toi des gens » est une autre façon de le dire.

L’évangile d’aujourd’hui est encore plus explicite. Être saint, c’est accomplir L’œuvre de miséricorde corporelle et spirituelle dont parle le pape François dans sa bulle annonçant l’Année sainte extraordinaire de la miséricorde. L’œuvre de miséricorde corporelle consiste à nourrir l’affamé, donner à boire à l’assoiffé, vêtir celui qui est nu, accueillir l’étranger, guérir celui qui est malade, visiter le prisonnier et enterrer les morts.

Cela provient directement de l’évangile d’aujourd’hui, alors que Jésus énonce clairement que nous serons jugés dans l’autre vie. Ce qui compte n’est pas le nombre de prières ou de messes, c’est plutôt si nous avons ou non aimé Dieu dans et à travers notre prochain, soit quiconque est démuni.

Ce n’est pas tellement que Dieu va nous juger; nous allons nous juger nous-mêmes selon la façon dont nous avons vécu. En Palestine, le berger marche devant son troupeau. Les brebis suivent naturellement la brebis de tête, alors que les chèvres suivent naturellement la chèvre de tête. Être une brebis et faire partie du troupeau de Jésus dans cette vie signifie que nous serons une brebis et ferons partie du troupeau de Jésus dans la vie prochaine. Si nous sommes une chèvre dans cette vie signifie que nous serons probablement une chèvre dans la prochaine aussi !

L’œuvre de miséricorde spirituelle consiste à conseiller l’indécis, instruire l’ignorant, réprimander le pécheur, réconforter l’affligé, pardonner les offenses, tolérer patiemment ceux qui nous font du mal et prier pour les vivants et les morts. Certains écrivains spirituels affirment que dans la vie prochaine, nous serons confrontés par ceux que nous avons ou non aimés dans cette vie.

L’histoire de Martin le cordonnier illustre bien cela. Humble cordonnier, son seul désir est de voir le Seigneur. Au gré de la journée, une variété de gens s’adressent à lui, ayant besoin d’aide pour ceci ou pour cela. Ce soir-là, il fait un rêve dans lequel il apprend que chacun de ces personnes était en fait le Seigneur lui-même.

L’Eucharistie est autant notre motivation que ce qui nous permet de vivre pleinement l’œuvre de miséricorde. Nous croyons en la réelle présence de Jésus dans l’Eucharistie; nous devons maintenant sortir, le reconnaître dans les visages que nous voyons et le servir en servant les autres.

Mgr l’archevêque émérite Sylvain Lavoie, OMI
Conseiller spirituel national

 
Réflexion-Mars-2020