Réflexion spirituelle – Juin 2020

Rendre crédible l’Amour de Dieu

Au terme du temps béni de Pâques, il est intéressant de revisiter les écrits de saint Jean. Son évangile est un hymne à l’Amour. Il nous révèle constamment que Dieu est Amour et qu’Il nous appelle à vivre de cet Amour, pour ne pas dire à être Amour. Jésus y affirme bien que l’Amour est la seule mesure de notre vie et sa dimension essentielle. C’est le premier constat de M. Stéfan Thériault, directeur du centre Le Pellerin, dans sa Méditation pour nourrir l’espérance # 58 de l’évangile de ce 14 mai : Jn 15, 9-17. Elle a pour titre : L’Amour premier. Je le cite longuement.

[En Jn 15, 9] « Jésus débute en nous rappelant que le Père est la source de tout Amour et que Lui nous a aimé de cet Amour même du Père : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. » Ce qu’il désire pour nous, pour tous ses disciples et, en fait, pour tout humain est d’apprendre à demeurer dans son Amour, et ce, en gardant son « …commandement : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.« [Jn 15,12] Ce commandement est, en réalité, fort rassurant parce qu’il nous dit que cet Amour, il nous le donne en partage pour que nous puissions le vivre entre nous. Nous ne sommes donc pas laissés à nous-mêmes mais appelés à être entraînés dans son Amour, et de cet Amour apprendre à nous laisser aimer pour aimer les autres.

C’est une école bouleversante que celle de l’Amour du Christ. Elle demande beaucoup d’humilité, d’abord parce que nous n’aimons pas comme humains recevoir des autres, et même du Tout-Autre, et parce que cet Amour met en lumière combien il nous est difficile de nous laisser aimer et d’aimer les autres. Notre amour est toujours mesuré [il recherche la réciprocité], car nous avons trop souvent appris que l’amour a un prix : si je suis telle personne, si j’agis de telle façon, j’y accepte tel rôle, si je disparais [je m’oublie]… alors je serai aimé.

[J’aurai gagné l’amour. Et par rapport à Dieu, j’aurai gagné mon ciel]

L’Amour de Dieu est démesure, car il est gratuité entière. Il chamboule en nous toutes les fausses mesures apprises de l’amour. Il n’est en rien ce que nous avons connu et il nous pousse là où ne nous savons pas aller : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » [Jn 15, 13].

À l’aube de sa passion, ces paroles de Jésus ne sont assurément pas vides, car elles sont déjà prophétie de la mort qui l’attend par Amour de chacun-e de nous. Ces paroles ont toute la densité de sa Vie offerte pour nous. … »

« … Jésus nous invite à une intimité avec Lui, une intimité qui est une réelle union d’Amour où nous sommes en Lui et Lui en nous.  Cette expérience brise en nous celle d’un amour plein de réserves, d’un amour peu fidèle et d’un amour qui nous laisse trop souvent seuls. À la différence de cet amour du monde, nous vivons une Présence. Nous expérimentons notre vie dans cet accompagnement du Christ qui, en tout ce que nous vivons, ne nous manque jamais.

Tout ce que nous sommes appelés à vivre, le bon comme le plus difficile, et dans ce difficile une pandémie, la maladie, l’isolement, les renoncements, les trahisons, les rejets, etc., rien, comme le dira saint Paul, ne peut nous séparer de l’Amour de Dieu.  » Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 38-39). Comme « amis », Jésus nous fait entrer dans cet « autre savoir », « car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.« [Jn 15, 15]

Jésus nous révèle, ainsi, que le Père n’est qu’Amour, Miséricorde, Pardon, Tendresse… et que, en tout ce que nous sommes appelés à vivre, nous avons à apprendre à le vivre dans cet Amour, Miséricorde, Pardon, Tendresse…  Et cet apprentissage n’est pas un Amour vague, car l’Amour est toujours une relation et une expérience fortement personnelles.   » Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure » [Jn 15, 16] » Fin de citation.

Et nous, utilisant les précieux dons du Saint-Esprit reçus à la Pentecôte, inspirés par Frédéric Ozanam et ses compagnons, sommes les propagandistes de cet Amour de Dieu par les gestes concrets que nous posons. Comme l’écrit saint Jean en I Jn 3,18, nous le manifestons « en acte« . Et ce, non seulement envers ceux/celles qui nous sont chers, mais aussi envers les pauvres les plus repoussants, les plus négligeables, les plus méprisables.

Certes il y a le manque d’argent mais, par-dessus tout, il y a le dénie d’humanité et en corollaire d’affection. Comment croire que ce monde est issu d’un élan d’amour et enserré dans un réseau de charité, quand l’on ne compte plus pour personne. À quoi bon vivre? Alors, joignons à l’épicerie pour l’affamé, au vêtement pour le nécessiteux, au lit pour le sans-abri, une part de notre cœur. Ainsi nous répondrons à une soif encore plus profonde et rendrons crédible la foi en la Bonté, celle à l’origine et la fin de l’aventure humaine.

Alain Besner, Comité national de spiritualité
Conseil régional du Québec

Je vous invite enfin à dire humblement la prière qui suit :

Divin cœur de Jésus, rendez notre cœur semblable au vôtre.
Nourrissez toujours plus notre conscience de votre Amour en nous.
Affermissez notre confiance en votre bienveillante volonté.
Aidez-nous à dissiper nos craintes en ce temps de pandémie.
Inspirez-nous les gestes appropriés
afin de refléter votre bonté pour les gens.
Donnez-nous l’énergie de les accomplir en communion avec vous,
Qui régnez avec le Père et le Saint-Esprit maintenant et pour les siècles des siècles.

Amen

 

Réflexion-spirituelle-juin-2020