Réflexion spirituelle – janvier 2020

Réflexion sur la motivation et le processus vincentien

Dans Matthieu 25, nous lisons que le juste possédera la vie éternelle, car il aura « donné à manger à celui qui avait faim, donné à boire à celui qui avait soif, recueilli l’étranger, vêtu celui qui était nu, visité celui qui était malade et celui qui était en prison ». Comme nous le savons, les vincentiens, en tant que personnes et en tant que groupe, ont fait tout cela. Sommes-nous donc ainsi assurés d’être heureux aux cieux et pendant la vie éternelle ?

Dans un autre texte bien connu de l’Évangile, le premier épître de Paul aux Corinthiens, chapitre 13, on lit : « Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien. » Comment donc est-il possible qu’une personne puisse faire tout ce qui est requis dans Matthieu 25, en tant que vincentien ou autrement, mais parce que ces choses sont accomplies sans amour ou non motivées par l’amour, l’on ne gagne rien par elles, y compris la vie éternelle ? Cela semble incohérent n’est-ce pas ? Je ne pense pas. Ma compréhension est que Dieu Lui-même est amour.

Dieu crée l’univers par amour, Il nous crée, non pas parce que nous pouvons ajouter quoi que ce soit à sa gloire, mais purement par amour, Il nous sauve plus tard et nous permet de participer dans son geste de rédemption dans notre vie, encore une fois non pas parce que son geste de rédemption est déficient en soi, mais bien parce qu’Il connaît notre nature humaine et notre besoin de participer. En réalité, le seul but de notre existence est d’apprendre à apprécier l’amour de Dieu pour nous en tant qu’individus uniques et collectivement comme étant le corps du Christ, et à l’en remercier. Notre vie serait un échec si nous ne reconnaissions pas cette vérité et étions incapable d’internaliser un certain niveau de l’amour de Dieu pour nous.

Bien que cela ne se limite pas au temps et aux efforts que nous consacrons à notre évolution vincentienne, mais en tant que vincentiens, nous sommes particulièrement bénis de l’occasion qui nous est donnée de prendre conscience de l’amour de Dieu et d’aimer en retour, en servant les faibles et les vulnérables. La plupart d’entre nous, vincentiens, sinon nous tous, comprenons cette vérité fondamentale au sujet de Dieu, nous-mêmes et notre relation avec Lui. Notre adhésion à ce principe fondamental est ce qui différencie notre Société des autres organismes de bienfaisance séculiers.

Toutefois, il n’est pas acquis que nous entretenions inévitablement cette motivation d’amour dans nos activités. Nous pouvons très bien nous enliser dans l’illusion que notre réussite dépend d’un nombre toujours grandissant d’activités et de « résultats » et menions les affaires de notre Société comme nous le ferions pour une entreprise régulière basée sur des mesures d’efficacité et de résultats. Si nous voulons demeurer fidèles à notre appel à l’amour, nos prières personnelles et notre focus spirituel à poursuivre nos activités vincentiennes seuls ne suffiront pas. Nous aurons aussi besoin du soutien et des encouragements issus d’une compréhension commune profonde de l’amour de Dieu présent chez nos collègues membres.

Où pouvons-nous trouver une occasion aussi concrète de sentir la présence et l’amour de Dieu que lorsque nous sommes ensemble lors de nos réunions de conférence et autres rencontres vincentiennes ? Nous prions et croyons chaque fois que lorsque « deux ou trois d’entre nous sommes réunis en Son nom, Il sera présent parmi nous ».

En effet, est-il une chose plus importante à Jésus qui est parmi nous que de voir que nous apprenons à nous aimer les uns les autres à travers nos réunions et le partage de notre vis et notre travail au sein de la Société, et nous encourageons ainsi les uns les autres à aimer et à protéger Son amour pour ceux que nous servons ?

Ne devrions-nous donc pas chérir ces rencontres en les voyant comme des occasions pour nos membres de se nourrir et de grandir, et de les structurer de telle sorte que nous allions de l’avant et portions la même bonne nouvelle aux gens que nous servons ?

Même si les mesures de résultats et d’activités sont importantes, car elles reflètent indirectement l’ampleur de nos efforts et notre désir de répondre à la demande de Dieu, dans Matthieu 25, tel que décrit ci-dessus, mais je dis bien « indirectement », car le résultat direct pour une Société comme la nôtre devrait véritablement être que nos membres grandissent en tant qu’individus et en tant que groupe rempli d’amour, tel que démontré par les vertus vincentiennes distinctives que sont la simplicité, l’humilité, la douceur, la mortification et le zèle pour les âmes, à un point tel que les personnes que nous servons en viendraient à assimiler ces mêmes vertus. Nous ne saurons jamais à quel point cela se produit, mais nous pouvons être certains que si ces gens, et d’autres autour de nous, voient que nous nous aimons les uns les autres tels que le faisaient les premiers chrétiens, nous grandirons aussi en nombre, en force et en esprit, tel que cela a été le cas il y a quelque deux mille ans.

Joseph Tsui, comité national de spiritualité
Conseil régional de l’Ouest

 
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