Réflexion spirituelle – février 2020

Les seaux percés

Une vieille femme avait deux grands seaux, chacun suspendu au bout d’un bâton qu’elle portait en équilibre sur ses épaules. Un des seaux était fêlé tandis que l’autre était parfait et capable de livrer chaque jour une pleine quantité d’eau. Tous les jours, à la fin du long trajet menant du ruisseau à la maison, le seau fêlé n’arrivait qu’à moitié plein. Le même manège se poursuivit pendant deux années, la femme ne rapportant à la maison qu’un seau et demi d’eau.

Bien entendu, le seau parfait était fier de ses accomplissements, mais le pauvre seau fêlé avait honte de son imperfection et se sentait bien malheureux de ne pouvoir accomplir que la moitié de sa mission.

Un jour, après deux années d’échec, le seau fêlé s’adressa à la femme alors qu’elle se trouvait près du ruisseau. « J’ai honte de moi, car cette fissure que je porte sur le côté me fait perdre de l’eau goutte à goutte jusque chez toi. » La vieille femme sourit : « As-tu remarqué qu’il y avait des fleurs tout au long du parcours, mais seulement de ton côté du chemin et non pas du côté de l’autre seau ? » « C’est que vois-tu, j’ai toujours su que tu perdais de l’eau, alors j’ai semé des graines de ton côté du sentier et chaque jour, à notre retour, tu leur donnes de l’eau. Depuis deux ans, je peux cueillir ces jolies fleurs pour décorer la table. Si tu n’étais pas tel que tu es, ces merveilles qui enjolivent la maison n’auraient pu exister. »

Cher lecteur, je vous invite à réfléchir un moment, pour voir quelle place vous occupez, spirituellement, dans cette histoire. Vous voyez-vous comme le seau parfait ? Comme le seau fêlé ?

Si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous reconnaîtrons que chacun de nous a ses propres imperfections. Nous sommes tous des seaux fêlés. Et pourtant, pour Dieu, dans ce monde, rien n’est gaspillé. Tout comme le seau fêlé, vous penserez parfois que vous êtes inefficace ou inutile dans certains aspects de votre vie, mais d’une manière ou d’une autre, ces imperfections peuvent devenir une bénédiction déguisée.

L’important, c’est de reconnaître nos lacunes et de permettre à Dieu d’en tirer profit. Et je peux vous assurer que lorsque nous remettons notre humanité imparfaite entre les mains de Dieu et lui permettons d’œuvrer à travers nous, Il ne nous déçoit pas. Regardez autour de vous et vous verrez toutes les vies que vous avez touchées et arrosées. Ce sont les fissures et les imperfections que nous avons tous qui remplissent de grâce la vie que nous partageons ensemble et la rendent utile et gratifiante. Vous n’avez qu’à accepter chaque personne telle qu’elle est et voir ce qu’il y a de bon en elle. Après tout, c’est précisément ce que le Christ fait avec nous.

Je vous souhaite de passer une période de carême remplie de bénédictions et de grâce.

Padre Ain Leetma, comité national de spiritualité
Conseil régional de C.-B. et Yukon

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