Les Temps Changent – Septembre 2020

Un logement sain, sécuritaire et abordable est un droit fondamental

La pauvreté au Canada : produit du racisme?

Les derniers numéros de l’infolettre Les Temps changent ont souligné le thème de la campagne sur le logement et le sans-abrisme que le comité spécial de notre conseil national continue à élaborer : Un logement sain, sécuritaire et abordable est un droit fondamental.

Le projet de plan d’action a circulé partout au Canada, et nous vous invitons encore à nous faire part de vos commentaires et recommandations à son sujet. Le plan final passera au Conseil d’administration national pour approbation cet automne, le lancement de la campagne étant prévu pour le début de 2021 si la COVID-19 est maîtrisée. Si vous n’en avez pas reçu un exemplaire, faites-nous en faire part à sj-nac@ssvp.ca.

Chose curieuse : diverses communautés trouvent au moins un logement temporaire pour les sans-abri pendant la pandémie. Si cela nous porte à demander pourquoi il faut ce genre de crise pour qu’on s’attaque au sans-abrisme, nous devrions aussi y voir l’occasion de réclamer la poursuite de ces interventions comme solutions à plus long terme. L’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance (ACMFI) a entamé en mai une campagne de relance post- COVID-19 qui, en fait, préconise le maintien de ces solutions. La campagne a également diffusé d’excellents webinaires, et le site web de l’ACMFI regorge de ressources (www.caeh.ca) que je recommande à nos membres. Enfin, l’Alliance propose également aux gouvernements un plan de relance à six volets.

La pauvreté étant un facteur déterminant de l’itinérance, et la question du racisme systémique revenant à l’avant-scène au Canada et partout dans le monde, nous devrions reconnaître le lien direct entre le racisme et la pauvreté, ce qui, par extension, nous dit que le racisme systémique et l’itinérance sont étroitement liés aussi dans de nombreux cas.

Rares sont les villes canadiennes de 30 000 habitants ou plus qui n’ont pas un quartier dit « défavorisé » ou un quartier à côté d’une zone industrielle, n’est-ce pas? Souvent, ces zones regroupent des minorités raciales. Pourquoi en est-il ainsi? Hasard? Zonage? Cartographie de la ville? À vrai dire, de nombreux facteurs entrent en jeu, et rappelons que des personnes non racisées y vivent sûrement aussi.

Les statistiques sur l’utilisation des refuges révèlent qu’un pourcentage nettement plus élevé de personnes racisées en dépendent. Les Premières Nations ont également de nombreux besoins à ce chapitre, car la qualité de leurs logements est souvent inférieure aux normes. Selon une évaluation fédérale du logement des Premières Nations en 2011, 41,5% des habitations dans les réserves avaient besoin d’importantes rénovations, contre seulement 7% des logements chez les non-autochtones. De plus, la possibilité d’acquérir une propriété pour les membres des Premières Nations est faible.

Ajoutons que le nombre de sans-abri est beaucoup plus élevé parmi les groupes racisés, et de nombreux facteurs contribuent à ces chiffres disproportionnés, d’où la question évidente : le racisme systémique en fait-il partie?

Que pouvons-nous faire, collectivement et personnellement, contre le racisme systémique? Chose certaine, toute solution doit miser sur l’éducation, y compris la volonté d’écouter les groupes racisés eux-mêmes et d’apprendre d’eux. Comment y parvenir? Recruter énergiquement des membres parmi ces groupes? Les inviter aux réunions de la SSVP pour nous parler du mal qu’ils ont ou qu’ils ont eu à trouver un logement convenable? Collaborer avec d’autres communautés religieuses et groupes communautaires pour lutter contre le racisme systémique? Réclamer que les autorités gouvernementales de tous les niveaux prennent des mesures décisives?

Nous pouvons peut-être puiser d’abord dans notre propre foi et notre charisme vincentien et y fonder toutes nos discussions, décisions et actions. Créons une « Alliance vincentienne pour la diversité » qui met pleins feux sur le racisme systémique et ses liens avec le sans-abrisme.

Engagez-vous dans notre campagne sur le logement et son évolution au fil des mois et des années. Aider à résoudre le problème du sans-abrisme et des logements défaillants est probablement la meilleure façon d’endiguer aussi la pauvreté et le racisme. Les familles ont besoin d’un bercail où il fait bon grandir, profiter de la vie et participer pleinement à la société canadienne.

Enfin, la Société de Saint-Vincent de Paul peut contribuer fortement à l’avancement de la cause du logement sain, sécuritaire et abordable au Canada. S’il est peu probable que nous prenions part à la construction comme telle de logements, nous pouvons en être un ardent défenseur; de plus, en élaborant un plan global qui comprend l’éducation, l’information sur les ressources et la collaboration avec d’autres services et organismes, nous aurons un impact réel. Une des clés du succès est l’engagement de nos conférences, et pour que celui-ci atteigne son summum, nos leaders doivent briller aussi par leur soutien.

Ensemble, nous pouvons bel et bien changer les choses.

Jim Paddon, président
Comité de justice sociale national

 
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